Le 5e Plan local de l’habitat (PLH) du Voironnais, qui doit couvrir les années 2025-2030, est en cours d’élaboration, pour être finalisé à l’automne prochain. La communauté de communes du Pays voironnais (CAPV) a laissé une grande place au partenariat pour recueillir les analyses et avis des acteurs du logement, à côté de ceux des collectivités publiques. Un Toit Pour Tous y a évidemment participé compte tenu de son implication dans le secteur.
Ce nouveau PLH doit répondre à un contexte bien différent de ceux qui l’ont précédé : crise du logement, prise en compte de la transition écologique, lutte contre l’artificialisation des sols. La phase actuelle de diagnostic met en lumière les conséquences de la crise et l’augmentation des besoins en locatif social.
Tassement démographique, vieillissement et attractivité
La croissance démographique est en perte de vitesse à l’échelle de la communauté, en baisse continue depuis les années 1980 (1,9 % de 1975 à 1982, 0,3 % entre 2014 et 2020), mais elle reste néanmoins positive et représente de l’ordre de 400 habitants environ par an. Derrière cette évolution générale se cache cependant un changement structurel modifiant la nature des besoins : vieillissement plus marqué que dans d’autres collectivités, moins de familles, augmentation des personnes seules. Mais le territoire subit également de fortes influences externes : flux importants en provenance de l’agglomération grenobloise et lieu d’accueil pour les ménages venant s’installer dans la région urbaine (42 % des acquisitions et 45 % des déménagements) ce qui majore les besoins à prendre en compte. Cette tendance est également portée par des perspectives économiques favorables, tant en nombre d’emploi (760 créés entre 2014 et 2020) qu’en projets industriels en perspective.Un marché qui tend à exclure
La production actuelle totale se situe à 450 logements commencés par an. On constate une concentration des logements locatifs et sociaux dans les pôles urbains (83 % des logements produits en 2023) et dans les opérations d’aménagement, alors qu’on assiste parallèlement à une baisse progressive de la part des logements individuels. En dépit de cet effort, l’attractivité du marché tend à exclure et les primo-accédants et les familles, conséquence de la perte de pouvoir d’achat qui affecte 30 à 40 % des ménages, sur fond d’augmentation des prix immobiliers qui affecte également ceux des logements anciens. En matière de logement social, la tension se marque par un taux de rotation ralenti, et dans le parc public et dans le parc privé, et par une pression importante sur les petits logements. L’interdiction progressive de la location des « passoires thermiques » fait craindre ici comme ailleurs une contraction, du parc de logements privés offert à la location.Des enjeux importants en matière de locatif
La crise étant globale, l’amélioration doit venir, outre la production de logements locatifs, de la relance d’une accession abordable laquelle dépend cependant de l’évolution des taux d’intérêt et de celle du pouvoir d’achat. Pour le locatif public, l’enjeu est bien de maintenir une offre publique suffisante et adaptée aux besoins (en termes de taille, de performance énergétique, de localisation etc.). Aux côtés de cette offre neuve indispensable, la réhabilitation du parc ancien doit prendre sa part, en rappelant l’importance de la vacance qui affecte l’habitat des centres villes (50 % y est localisés) et l’on compte 1160 logements vides depuis plus de deux ans. Lors de la consultation, Un Toit Pour Tous a d’ailleurs rappelé son action d’acquisition-réhabilitation de logements anciens, de l’ordre de 50 logements à ce jour sur le territoire de la CAPV (soit 10% du parc de Un Toit Pour Tous). Cette production de logements permet d’offrir une offre locative très sociale bien localisée, tout en réhabilitant en profondeur des logements et des bâtisses, en partenariat et avec l’aide de la CAPV. Début 2025, la CPAV a établit une nouvelle convention pluriannuelle avec Un Toit Pour Tous afin d’amplifier ce partenariat historique permettant de répondre à certains enjeux du PLH du territoire. En matière d’hébergement, la demande, malheureusement en hausse, appelle non seulement à augmenter l’offre, mais surtout à l’adapter aux besoins (exemple le projet d’une pension de famille à Coublevie). C’est donc à une réponse globale que doit s’atteler le PLH du Pays voironnais :- en continuant à répondre quantitativement aux besoins en logement neuf locatif, en respectant l’impératif de la sobriété foncière ;
- en promouvant la reconquête des centres-villes en privilégiant une approche globale : habitat, espaces publics, services et commerces ;
- et en adaptant les modes de production :
- intensification de la mobilisation du parc existant : acquisition-amélioration, remise sur le marché, réhabilitation etc.
- production neuve, priorité sur le renouvellement urbain et la résorption des friche, en accompagnant cette politique notamment par une action foncière et l’intervention de l’Établissement public local foncier du Dauphiné (EPFL-D).
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