Marc Bartoli, ancien professeur d’économie et de gestion, est administrateur bénévole et président de Territoires, l’agence immobilière à vocation sociale d’Un Toit Pour Tous. Engagé depuis 2014, il s’intéresse particulièrement aux critères humains et sociaux de l’efficacité économique, questions posées au niveau de l’emploi et du travail comme à celui du logement et de l’habitat. Il a rejoint l’association en raison de son militantisme de longue date.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’étais professeur d’économie et de gestion à la faculté de Grenoble. Pendant cette période, j’ai beaucoup travaillé sur les restructurations d’entreprises et la mise en concurrence des salariés dans la mondialisation, la gestion des ressources humaines dans la compétitivité internationale, la santé au travail, en lien avec les luttes sociales portées par les syndicats.
En 1983, j’ai demandé un détachement de l’université pour travailler au sein d’un cabinet d’assistance économique et sociale aux comités d’entreprises (aujourd’hui CSE) confrontés aux restructurations, licenciements économiques, nouvelles technologies et conditions de travail… dans le cadre des nouveaux droits ouverts par les lois Auroux. Reprenant ensuite mon poste à l’université, j’ai coordonné pendant 20 ans des projets européens sur la dimension RH et sociale des transformations économiques en Russie et Ukraine.
Depuis quand connaissez-vous l’association et comment avez-vous connu son action ?
C’est René Franck – ancien bénévole à Un Toit Pour Tous et membre du bureau – qui m’a parlé en premier lieu de l’association en soulignant son aspect militant et à la fois opérationnel, pour apporter des solutions concrètes et viables.
Pour quelles raisons avez-vous souhaité vous engager au sein de l’association ?
Mon engagement au sein d’Un Toit Pour Tous a débuté en 2014, après mon départ à la retraite. Je n’avais aucune connaissance spécifique dans le domaine du logement mais j’ai été attiré par la démarche citoyenne de l’association attachée à la mixité sociale par du logement diffus, articulant la réalisation concrète de solutions de logement et d’accompagnement social avec l’interpellation des politiques à partir des besoins des plus défavorisés.
J’ai trouvé au sein d’Un Toit Pour Tous une façon innovante de lutter contre l’exclusion et les inégalités sociales.
Sur quelles actions, quel groupe de bénévoles avez-vous/êtes-vous impliqué ?
Mon implication au sein d’Un Toit Pour Tous a débuté par ma participation aux Copils (anciennes commissions) de l’agence Territoires et du service Développement et Patrimoine et aussi à la marge dans le groupe AG copropriétés. J’ai également contribué un temps au groupe mécénat, profitant notamment d’un bon contact antérieur professionnel avec Becton Dickinson.
On m’a assez vite proposé de rejoindre le bureau d’Un Toit Pour Tous, puis Michel Delafosse m’a demandé de prendre sa suite à la présidence de Territoires. Étant également président du Comité social et économique, j’apprécie la vision globale que cela permet en tant qu’administrateur et l’interface avec les salariés.
Comment voyez-vous votre rôle en tant que membre du bureau et président de Territoires ?
Le bureau est celui d’Un Toit Pour Tous[1], c’est l’outil essentiel de gouvernance pour articuler les analyses et décisions concernant ses 4 composantes (les 3 structures associatives : Un Toit Pour Tous, Observatoire de l’hébergement et du logement, Territoires, et la coopérative foncière UTPT-Développement). Je contribue comme tous ses autres membres à cette articulation de nos décisions, au déploiement de la stratégie globale, selon les valeurs de notre projet associatif, ainsi qu’à la surveillance des équilibres budgétaires.
En 2018, au moment où je me suis retrouvé président de Territoires, le principal enjeu était de réussir la réorganisation de l’agence et surtout se donner le temps en associant les salariés au processus. Il y avait de nombreux enjeux : des évolutions de compétences dont des changements de métiers pour certains salariés, améliorer la qualité du service proposé aux locataires et propriétaires mais aussi l’environnement et les relations de travail pour les équipes.
Quel est votre rôle concernant le comité social et économique (CSE) ?
Au sein du CSE je représente l’employeur, en binôme avec Arthur, le directeur général. Étant extérieur à toute ligne hiérarchique, cette position me permet d’être à l’écoute des relations entre les salariés et la direction. Je suis attaché à des nécessités d’écoute humble, et à des interventions à bon escient plutôt qu’à se mettre en avant par telle ou telle posture fusse-t-elle celle de président. Le dialogue social est affaire de bonne mesure, d’équilibre.
Quelles sont vos relations avec les autres bénévoles et les salariés de l’association ?
Je travaille essentiellement avec les administrateurs bénévoles qui composent le bureau, en particulier les 3 présidents des autres structures (Michelle Daran, René Ballain et Paul Coste) et le directeur général. En tant que président du CSE, je suis bien évidemment aussi en relation avec les délégués du personnel. Avant, je voyais régulièrement la responsable de l’agence Territoires. Le service ayant été récemment réorganisé, de nouvelles relations sont à construire avec les trois personnes désormais en charge de l’agence : Véronique, Annie et Pascale.
Quel est l’événement qui vous a le plus marqué à Un Toit Pour Tous ?
L’événement le plus marquant pour moi a été la fête de clôture du dispositif LAMI. Cette fête a permis de rencontrer et d’échanger avec quelques personnes syriennes qui avaient été accompagnées via le dispositif. C’était un moment très convivial et qui témoignait aussi des résultats concrets de nos actions.
Quels sont pour vous les temps forts de l’association ?
Pour moi c’est la journée commune entre les adhérents, les bénévoles et les salariés qui se tient annuellement au mois d’octobre. C’est ce qui nous articule, car l’assemblée générale ne tient pas ce rôle-là.
Quels sont pour vous les enjeux importants dans les années à venir ?
Un enjeu essentiel pour l’avenir est le renouvellement du bureau d’Un Toit Pour Tous en gardant toujours ce militantisme qui est cher à notre association. Un Toit Pour Tous c’est une continuité dans les instances, c’est faire « culture commune ».
Un autre enjeu serait, pour moi, d’articuler davantage insertion par le logement et insertion par l’emploi et le travail, ce qui passe par des liens entre Un Toit Pour Tous et d’autres acteurs, comme par exemple le groupe d’économie solidaire Ulisse.
Un mot pour conclure ?
Je suis sensible à la problématique de renforcer davantage les liens avec nos locataires. Comment créer des espaces de rencontres, voire un tiers lieu, dans un esprit ouvert à créer du lien au-delà du fonctionnel ?
[1] L’ensemble Un Toit Pour Tous est composé de trois associations 1901 et de la coopérative foncière Un Toit Pour Tous – Développement