Parmi les 213 logements confiés à l’Agence immobilière à vocation sociale d’Un Toit Pour Tous par des propriétaires privés, 16 ont le statut particulier de SCI*. L’idée qui a présidé à la création de ces SCI, est que dans l’impossibilité d’acquérir seul un logement d’épargne il est possible de l’envisager à plusieurs et que cette épargne pouvait être mise à la disposition du logement social.
André Lechevalier, gérant d’une de ces SCI nous parle de son engagement et de ses relations avec Un Toit Pour Tous.
Pourquoi avoir choisi de vous engager auprès d’UTPT ?
Mon engagement tient à mon « goût des autres » : j’ai le sentiment d’avoir eu de la chance dans ma vie professionnelle ; maintenant dans ma vie de retraité c’est le moment de s’en souvenir et de renvoyer l’ascenseur. Nous étions ainsi une douzaine de personnes, dans la mouvance d’UTPT et disposant chacun d’une petite épargne ; et chacun bien décidés à faire quelque chose de concret contre le mal-logement.
Vous avez choisi de vous associer à d’autres propriétaires dans une SCI, quelles en sont les raisons ?
C’est une autre facette du « goût des autres » : l’aventure collective. Elle a consisté à se regrouper dans une SCI pour « Ensemble, Offrir un Toit » (nom des SCI indépendantes constituées autour d’UTPT (1)).
Pour offrir un toit, il faut acheter un bien et le mettre aux normes de confort et d’isolation. C’est une affaire de 100 à 150K€. Personne d’entre nous ne disposait individuellement de la somme mais à 11 associés, nous avons pu mettre quelques 130K€ sur la table. Sans aucun emprunt, nous avons pu acheter et rénover un appartement dont nous avons confié la gestion à Territoires AIVS® d’UTPT. Ainsi, aujourd’hui une famille de 4 personnes est logée dignement à Fontaine pour un loyer très social.
Quelles sont vos relations avec UTPT ?
Les associés des SCI sont souvent membres ou militants UTPT mais ce n’est pas une obligation. A minima il y a un accord sur l’analyse du mal-logement et sur les moyens de lutter contre. Mais, si elles sont indépendantes, les SCI se sentent partie prenante de la
« Galaxie UTPT » : cela se voit lors des assemblées générales ou dans la fluidité des échanges entre militants, associés, salariés, élus.
Combien de temps consacrez-vous à la gestion de cette SCI ?
Cette gestion dont j’ai la charge reste amateure puisque la gestion locative est confiée à Territoires et que les obligations fiscales et comptables sont pilotées par un autre bénévole (comme pour toutes les SCI). Pour moi, cela représente quelques heures par trimestre et peut-être une journée cumulée au moment de l’établissement du bilan annuel. C’est compatible avec ma vie de retraité. Évidemment, les opérations spéciales, comme la modification du capital social que nous avons conduite l’année dernière, nécessitent plus d’engagement.
Quels sont les avantages d’un tel système et quels sont les freins ?
L’avantage n’est évidemment pas financier, puisque la SCI est réglée pour être juste à l’équilibre. Mais notre SCI donne la satisfaction à ses associés de voir une petite épargne utilisée sans contrepartie à une cause morale : le droit au logement digne. Mais ce n’est pas un don. Les 5 000€ ou 10 000€ dont on n’a pas impérativement besoin dans sa soixantaine, il faut pouvoir les récupérer quand vient le grand âge. C’est le principe que nous proposons aux associés : mais hélas sans garantie. Avec les fluctuations du marché, il y a toujours un risque de moins value… ou de plus value.
Seriez-vous prêt à retenter l’expérience ou à aider au montage d’autres SCI ? Les promouvoir auprès de vos proches ?
La SCI Ensemble Offrir Un Toit N°18 est depuis 3 ans sur ses rails et le mal-logement demeure. Je pourrai aujourd’hui envisager un nouvel engagement sur un projet collectif et solidaire s’il s’en trouvait.
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* SCI : Société Civile Immobilière
(1) 5 SCI ont précédé les 16 actuelles ; elles ont été dissoutes au terme du contrat liant la SCI à l’ANAH (Agence nationale pour l’habitat) et qui permet de bénéficier d’avantages fiscaux