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La paupérisation du parc social, un risque de spécialisation ?

Dans le cadre de la 5ème édition des Rencontres d’Un Toit Pour Tous, un deuxième webinaire a été organisé le 23 janvier de 8h30 à 9h30 avec pour thème la « Paupérisation du parc social, risque de spécialisation ? ». Ce webinaire, animé par Mathieu Peyret, directeur des territoires et des politiques sociales à la Société dauphinoise pour l’habitat (SDH), a réuni plusieurs experts pour aborder un phénomène inquiétant : la paupérisation croissante des locataires du parc social. Un enjeu qui remet en question le modèle généraliste du logement social en France, basé sur la mixité et l’accueil des ménages de divers horizons.

Une tendance ancienne mais toujours actuelle

Depuis la fin des années 1970, le parc social voit ses locataires s’appauvrir progressivement, un phénomène amplifié par les départs des ménages les plus aisés vers d’autres formes de logement.

Un phénomène massif et continu

Entre 1984 et 2013, la part des locataires HLM à bas revenus a doublé, passant de 21 % à 42 %. Aujourd’hui, près de 4 locataires sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui continue d’augmenter (INSEE, 2021). Aujourd’hui, cette évolution soulève une question cruciale : comment préserver la diversité sociale dans le parc social tout en répondant aux besoins des ménages les plus précaires ? Les intervenants, parmi lesquels Aurélie Poinard (Conseil départemental de l’Isère) et Sylvain Perdrix (SDH), ont souligné que cette paupérisation n’est pas seulement une réalité économique, elle est  aussi sociale. Elle reflète une fragilité qui touche particulièrement certains profils, comme les jeunes (20%), les familles monoparentales (26%) ou les personnes isolées (18%).

Un enjeu pour l’Isère

En Isère, le phénomène se traduit par une augmentation des demandes de logements sociaux à très bas loyers. Près de 40% des locataires du logement social en Isère vivent sous le seuil de pauvreté, soit plus du double par rapport aux locataires du parc privé. Les nouveaux entrants dans le parc social isérois sont plus paupérisés que les occupants actuels, révélant une spécialisation du parc qui fragilise le modèle généraliste. Les bailleurs sociaux font donc face à un double défi : répondre à ces demandes tout en maintenant une mixité sociale essentielle au vivre-ensemble.

Vers une fragilisation du parc social ?

La paupérisation croissante n’est pas sans conséquences pour les ménages et les bailleurs sociaux. Isabelle Rueff, vice-présidente d’Absise, a rappelé que ces contraintes financières s’ajoutent à des défis structurels, comme la rénovation du parc existant et la construction de nouveaux logements. De plus, la solvabilité des ménages en question met en avant plusieurs facteurs aggravants tels que la hausse des loyers depuis les années 1990 sans une augmentation équivalente des ressources, une baisse des aides publiques (comme la réduction des APL avec la loi de finances de 2018) et à la précarité énergétique.

Mobilisation et perspectives

Malgré un constat parfois sombre, les intervenants ont insisté sur la nécessité de préserver le rôle fondamental du logement social : offrir un cadre de vie stable, digne et inclusif. Cela passe par des initiatives comme celles d’Un Toit Pour Tous, qui promeut des solutions concrètes et innovantes pour soutenir les locataires et renforcer la cohésion sociale.
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