Un Toit Pour Tous a logé et accompagné au total, sur l’année 2022, 873 ménages. Ces derniers sont accompagnés par un travailleur social de l’association selon leurs besoins et le mode de financement obtenu, principalement en gestion locative adaptée (GLA) ou en intermédiation locative (IML).
Ils sont logés dans les 751 logements qu’Un Toit Pour Tous gérait fin 2022 – 452 sont des logements très sociaux, pour la plupart PLAI[1], avec un loyer de 5 € par m2 – réhabilités par la coopérative Un Toit Pour Tous-Développement, et 246 logements qui lui sont confiés en gestion par leurs propriétaires privés, auxquels s’ajoutent 53 logements divers.
C’est la raison d’être d’Un Toit Pour Tous et c’est le résultat d’années d’efforts pour essayer de répondre, à son échelle, aux besoins de logement de ménages parmi les plus pauvres de notre agglomération.
Pour la plupart, ces logements ont été attribués aux ménages éligibles par les conférences intercommunales compétentes ou par le SIAO[2] (pour un tiers) en fonction de leurs revenus, de leurs situations sociales et de leurs besoins d’accompagnement.
Mais ces locataires, qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Quels sont leurs revenus ? Restent-ils longtemps dans leur logement ?
Si leur profil social est relativement bien connu. Il n’en va pas de même de l’évolution de leurs revenus dans le temps.
Cet article vise à une première approche de ces questionnements, les données disponibles devant être complétées afin de permettre une analyse plus fine.
La frange de la population la plus pauvre est logée par Un Toit Pour Tous
Les plafonds réglementaires de revenus attestent déjà du niveau faible de ressources que ne doivent pas dépasser les ménages éligibles pour l’accès aux logements PLAI. À titre d’exemple, les revenus d’une personne seule avec un enfant doivent être inférieurs à 21 082 € par an, soit 1757 € par mois.
Il s’agit bien de plafonds, car si l’on examine la situation de l’ensemble des locataires entrés dans le parc géré par Un Toit Pour Tous en 2022, soit 95 ménages pour lesquels on dispose du revenu de référence fiscal de l’année, la moyenne se situe à 4 737 € par an, soit 395 € par mois, et 41 d’entre eux n’ont pas de revenus stables.
Pour les locataires du seul parc de logements propriétés d’Un Toit Pour Tous-Développement, elle est de 8 205 € par an, 684 € par mois, 34 personnes étant sans revenus fixes.
La conséquence en matière d’APL est que la quasi-totalité d’entre eux la perçoivent : 90 %, alors que ce chiffre est de 50 % dans le parc HLM.
Le rappel du profil de ces locataires complète ce paysage et montre combien ce sont des ménages caractérisés par leur grande fragilité sociale :
– 37 % sont des ménages monoparentaux (8 % au niveau national et 20 % dans le parc HLM)
– 25 % seulement sont des couples avec enfant ;
– 31 % sont des personnes seules ;
– 43 % ont comme seules ressources les minimas sociaux ;
– seuls 36 % ont un emploi aux revenus modestes.
Leurs parcours logement est également très révélateur : 22 % viennent de structures d’hébergement, 17 % étaient hébergés chez des tiers, 8 % en location, et 6 % sont issus de squats.
En dépit de leur fragilité, des locataires comme les autres
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les locataires d’Un Toit Pour Tous ne restent pas durablement dans leur logement.
Le turn over est relativement important : 9 % en 2022, mais il est comparable à celui du parc social ; cela représente 96 entrées et génère d’ailleurs plus d’attributions que la production annuelle nouvelle d’Un Toit Pour Tous-Développement qui est de 20 à 25 logements par an.
Les chiffres de l’ancienneté dans le parc viennent corroborer ces données : en moyenne, les locataires occupent leur logement pendant 7 ans ; le plus ancien affiche 30 ans, et seuls 12 sont présents depuis plus de 25 ans (3 % du total).
Le niveau des surloyers appliqués aux locataires dont les revenus ont dépassé les plafonds reste modeste : 10 ménages en 2022 (9 en 2021) selon l’enquête supplément de loyer de solidarité. Il s’agit d’une enquête annuelle sur les revenus des locataires HLM pour appliquer éventuellement des surloyers
Le manque de données historiques sur les revenus en entrée dans le parc, depuis 10 ans par exemple, ou encore l’évolution des revenus des locataires en place sur la durée ne permet pas de mesurer les évolutions, mais on peut présumer sans se tromper que la situation n’a guère changé … et que la condition des ménages concernés ne s’est pas améliorée financièrement.
Dans ce contexte, on peut noter que le niveau d’impayés, jusqu’à maintenant stable pour ce qui concerne le parc PLAI (logements d’Un Toit Pour Tous-Développement), a tendance à augmenter : 5,9 % en 2021, 7 % en 2022. Le niveau d’inflation actuel comme la hausse des prix de l’énergie nourrit toutes les inquiétudes : les chiffres d’ABSISE qui regroupe les bailleurs sociaux de l’Isère vont dans le même sens.
Les locataires d’Un Toit Pour Tous, représentatifs d’une population pour laquelle il faut plus construire
D’abord, on constate donc qu’en dépit de leur situation socio-économique fragile, les locataires n’apparaissent pas en décalage marquant avec ceux du parc HLM en termes d’ancienneté, d’impayés, de surloyers, etc. mais qu’ils sont en moyenne plus pauvres et présentent une forte sensibilité aux aléas économiques, aggravée actuellement par l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat et le coût de l’énergie qui impacte fortement la facture logement.
Cette présentation, avec les chiffres actuellement disponibles, mériterait une analyse plus fine de cet échantillon de nos locataires, représentatifs de très nombreux autres ménages qui attendent une solution de logement pérenne.
Cela amène encore une fois à rappeler la nécessité de soutenir une production de logements sociaux et très sociaux importante pour répondre à ces besoins que la seule activité d’Un Toit Pour Tous ne peut évidemment assurer à elle seule.
[1] Prêt locatif aidé d’intégration
[2] Service intégré d’accueil et d’orientation