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Mixité sociale : ce que l’on voudrait bien que comprenne Madame la Première Ministre

Dans le cadre de son programme d’action en faveur des « quartiers défavorisés » lancé à la suite de la vague d’émeutes d’il y a 4 mois, le gouvernement va demander aux préfets que ne soit pas attribué de logement social se libérant dans ces quartiers aux ménages précaires désignées prioritaires au titre de la loi Droit Au Logement Opposable (DALO). La raison : favoriser la mixité sociale.

Cette mesure annoncée a suscité sur le plan national des commentaires indignés de la part d’acteurs professionnels ou associatifs du logement social :

« Une mesure de mixité sociale à l’envers », « Punir les ménages prioritaires DALO, à cause des émeutes quel contre sens abyssal ! Cette décision (illégale !) leur barrerait l’accès à un tiers du parc HLM » (1)

« Plutôt que de refuser de loger des familles en attente de logement dans les QPV (Quartiers prioritaires de la politique de la ville) le gouvernement ferait mieux d’imposer un respect impitoyable de la loi SRU. Trop de communes ne respectent pas leurs obligations de mixité sociale et desservent l’intérêt collectif » (2)

« On ne fera pas disparaître ces ménages DALO, mais cela se traduira par plus de sans-abrisme, ou, sur le marché de la misère, par des squats, des bidonvilles, des logements indécents » (3)

 

À Grenoble on n’est pas en reste.

« Les injonctions de l’État ne feront pas de miracles » selon Patricia Dudonné présidente d’Absise, (association des bailleurs sociaux de l’Isère).

Dans l’article du quotidien Le Dauphiné Libéré « Les bailleurs sociaux isérois taclent la première ministre », (31 octobre 2023) où cette appréciation est citée elle fait observer qu’avec le turn-over de 10% dans le logement social, il faut 10 ans pour changer le peuplement d’un quartier. Depuis de nombreuses années, dans le département, différents dispositifs sont utilisés avec les collectivités locales en faveur de la mixité sociale. Ce sont par exemple les opérations de renouvellement urbain avec l’aide de l’ANRU ou, dans le domaine des attributions, la règle adoptée par la Métropole grenobloise de loger un tiers des personnes précaires en dehors des quartiers les plus fragiles.

Et de revendiquer :  si on ne veut plus des précaires dans certains quartiers, où va -t-on mettre les gens ?  Une revalorisation des APL permettrait de solvabiliser les personnes qui pourraient habiter ailleurs que dans les quartiers sensibles ou prioritaires où se trouvent les logements sociaux les moins chers.

 

DALO, mixité : l’association Un Toit Pour Tous connait !

Dans le cadre de sa démarche d’accompagnement des demandeurs de logement notamment avec l’assistance qu’elle assure à des demandeurs de recours DALO en détresse elle est pleinement consciente de l’urgence à ce que des solutions de logements en grand nombre soient trouvées pour eux.

Cela fait plus de trente ans que l’association met à la disposition de personnes en difficulté des logements répartis dans la ville : à Grenoble, Voiron, Crolles et ailleurs. Leur localisation est soigneusement choisie pour faciliter les relations sociales et l’insertion de leurs occupants.

Ce n’est qu’une goutte d’eau face à un océan de besoins. Elle est donc très motivée pour réclamer que soient rétablies par l’État les conditions de production en nombre par les bailleurs sociaux de logements PLAI accessibles aux faibles revenus et que l’action d’UTPT soit soutenue encore plus fortement ».

 

1 Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre. Lire l’article ici.  

2 Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union Sociale pour l’Habitat, la fédération des bailleurs sociaux dans Le Monde, 1er novembre 2023

3 René Dutrey, secrétaire général du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées) dans Le Monde, 1er novembre 2023

4 Patricia Dudonné présidente d’Absise, (association des bailleurs sociaux de l’Isère) (« Les bailleurs sociaux isérois taclent la première ministre », Dauphiné Libéré, 31 octobre 2023