… telle est le sens la demande faite au Préfet de l’Isère dans un courrier du 20 novembre 2018 qu’Un Toit Pour Tous a signé avec 12 autres organisations locales suite à la menace d’expulsion qui se précise pour eux.(1)
Aujourd’hui, en France, environ 16 000 personnes vivent en situation de grande précarité dans environ 570 bidonvilles ou squats.
En Isère, sur la commune de Fontaine, plus de 50 personnes dont la moitié d’enfants, font l’objet d’une procédure d’expulsion en référé initiée par l’EPFL (2), propriétaire du terrain sur lequel ces familles sont installées depuis 3 ans.
Dès l’installation des familles sur ce terrain, en juillet 2015, les associations et collectifs en présence avaient élaboré avec l’agence régionale de la Fondation Abbé Pierre un projet visant à garantir un habitat digne dans l’objectif d’une résorption du campement à long terme. Ce projet, qui consistait à installer sur le site des caravanes financées par la Fondation Abbé Pierre, avec un accompagnement assuré par les associations locales (Roms Action, le Secours Catholique et Un Toit Pour Tous), n’a pu voir le jour. L’EPFL a répondu officiellement ne pouvoir faire de raccordement électrique. L’abandon de ce projet a ainsi conduit les familles à ériger des cabanes à la va-vite alors que l’hiver était déjà là.
Un suivi individuel des familles a été conduit par la suite à l’initiative d’un collectif d’associations et de structures mobilisées sur le terrain, coordonné par Roms Action. Les professionnels du CCAS et de l’Espace Santé de la Ville de Fontaine ont assuré l’accompagnement de certaines familles. Roms Action, le Secours Catholique, la paroisse, RESF, la Patate Chaude…sont intervenus chacun à leur manière pour permettre aux personnes d’accéder à de meilleures situations sur les plans – notamment – du logement, de la formation et du travail, et pour les enfants, de la scolarisation. C’est ainsi que cinq familles ont pu trouver un lieu de vie décent hors du bidonville dans les douze derniers mois, dans le cadre de la MOUS (3)
L’EPFL a engagé une procédure d’expulsion en référé à l’encontre des habitant.e.s du bidonville, sur la demande du maire de Fontaine. Dans l’objectif de faire évacuer le bidonville, il a sommé l’EPFL de saisir le tribunal en ce sens, ce qui a été fait. L’audience a eu lieu ce 9 janvier 2019 : pas un élément de preuve dans le dossier ni à la barre qui corresponde à des propos tenus par le maire évoquant troubles à l’ordre public trafic d’armes et de drogues Le délibéré sera rendu le 6 février.
Le courrier conclue en demandant « qu’une réelle réflexion soit engagée par l’ensemble des acteurs publics, État et collectivités territoriales – en premier lieu desquelles la Métropole, sur une résorption digne du terrain de Courtade. » … et que « ce bidonville ne soit pas expulsé afin que des solutions pérennes puissent se mettre en place ».
(1) Le texte ci-dessous reprend in extenso de nombreux passages de ce courrier.
(2) Établissement Public Foncier Local du Dauphiné,
(3) ) (Maîtrise d’Oeuvre Urbaine et Sociale, mise en place par la métropole Grenoble-Alpes.